Lors de notre réunion du 6 février 2009, M. Jacques Bonnadier était notre invité pour une causerie publique sur le thème de ses livres : l’olivier, l’huile d’olive, l’aïoli. Poèmes, extraits musicaux et déclamations théatrales emportèrent les esprits vers les senteurs et les paysages méditerranéens. L'homme est un fin connaisseur de cet art de conter propre à la Provence.
J. Bonnadier est né à Marseille en 1938, depuis 1960 il a entrepris une carrière de journaliste à Marseille, au Provençal, à Viva, tout en collaborant au journal La Croix pendant plus de 17 ans. Il a également animé et produit des émissions de télévision (FR3) ou de radio (Radio France). Sa passion pour la culture provençale lui permet de publier aux Editions Barthélemy Cantate de l’huile d’olive ; Le Roman de la sardine ; Marseille raconté aux enfants et un peu aux parents.

En cette soirée du club du livre, au presbytère de Grambois, J. Bonnadier a tenu absolument sous le charme un auditoire d'environ 25 personnes, par son humour, sa simplicité, et son immense connaissance de son sujet.
Voici quelques extraits de deux livres dont il nous a fait des lectures, Fleurs d’Olivier, une Anthologie Littéraire et Poétique (J. Bonnadier et J. Pacini, 2004), et Petit traité amoureux de l’Aïoli (J. Bonnadier, 2007).

Une recette :
- Voilà, tu prends une belle olive et tu la mets dans un zizi…
- Pardon, qu’est-ce que c’est un zizi ?
- C’est un petit oiseau dans le genre du becfigue. Alors, tu mets l’olive dans le zizi, le zizi dans une grive, la grive dans un merle, le merle dans un perdreau, le perdreau dans un beau poulet bardé de lard et tu …
- Dis donc, c’est un plat cher !
- Pas à Marseille. Y’a tellement de gibier, on sait pas quoi en faire !
- Et après ?
- Après, tu fais cuire au four à petit feu pendant cinq heures. Tu flambes au cognac, c’est prêt ! Tu défais le poulet, le perdreau, le merle, la grive, le zizi et tu manges l’olive… Alors là ! tu n’as jamais goûté une olive comme celle-là !
- Et le reste ?
- Le reste, tu le jettes… Je te l’ai dit, Juan, à Marseille, y’a trop de gibier !...
(Ma Provence en cuisine, France-Empire)
Un proverbe :
Quiconque mange des olives
Chaque jour de la saison
Vient aussi vieux que les solives
De la plus solide maison.
Un adage :
Lorsqu’on fait la salade, celui qui met le sel doit être un sage ; celui qui met le vinaigre, un avare ; celui qui met l’huile, un prodigue.
N’est-ce pas à fondre ? :
Souvent je m’adresse à l’un de mes oliviers, au début d’une rangée. Je lui dis quelque chose de gentil, je le félicite et j’ajoute : « Fais passer ! »
Edith Bézy-Watton-Chabert, oléicultrice, propriétaire avec sa famille du Moulin du Mas de Vaudoret
13890 MOURIÈS
Tél. : 04 90 47 50 13
Fax : 04 90 47 63 72
Site INTERNET: http://vaudoret.free.fr
Une leçon de vie :
Sur la vie
La vie n’est pas une plaisanterie
Tu la prendras au sérieux,
Comme le fait un écureuil, par exemple,
Sans rien attendre du dehors et d’au-delà
Tu n’auras rien à faire d’autre que de vivre.
La vie n’est pas une plaisanterie
Tu la prendras au sérieux,
Mais au sérieux à tel point,
Qu’adossé au mur, par exemple, les mains liées
Ou dans un laboratoire
En chemise blanche avec de grandes lunettes,
Tu mourras pour que vivent les hommes,
Et tu mourras tout en sachant
Que rien n’est plus beau, que rien n’est plus vrai que la vie.
Tu la prendras au sérieux
Mais au sérieux à tel point
Qu’à soixante-dix ans, par exemple, tu planteras des oliviers
Non pas pour qu’ils restent à tes enfants
Mais parce que tu ne croiras pas à la mort
Tout en la redoutant
Mais parce que la vie pèsera plus fort dans la balance.
Nazim Hikmet, poète turc (1902-1963)

Une définition :
Le châtaigner est l’arbre de l’avoir ;
l’olivier est l’arbre de l’être.
J-P. Poletti, chanteur-compositeur corse
Un constat :
Il vaut mieux rire à Cadolive
en mangeant des olives
que souffrir à Paris
en mangeant des perdrix.
Et pour l’aïoli !
Autour d’un ailloli bien monté et odorant
et roux comme un fil d’or,
où sont, répondez-moi,
les hommes qui ne se reconnaissent point frères ?
Frédéric Mistral
L’Aioli grise légèrement :
il engourdit les membres de façon délicieuse,
sature le corps de chaleur
et baigne l’âme d’enthousiasme :
aussi le mange-t-on de préférence
lorsqu’on n’a pas grand-chose à faire.
Jeanne Mellier-Espérandieu alias Mme de Flandreysy,(Valence, 1874- Avignon, 1959); Femme de Lettres et créatrice du Musée de l'Humanisme méditerranéen en Avignon.

Liturgie
Et maintenant, silence ! Que nulle parole ne vienne troubler le rite quasi sacramentel du tournage de l’aïoli ! Surtout pas de parlotes radiophoniques, d’informations ni de débats. Tout juste un peu de musique. Mais pas n’importe laquelle ! Du Bach, par exemple. Tenez ! L’allegro du Concerto italien en fa majeur BWV 971, ou le capriccio de la Partita n°2 en ut mineur BWV 826. Le swing du cantor colle tout à fait au rythme naturel du monteur d’aïoli ; mieux que la java marseillaise ! Essayez, vous verrez !... Et surtout, que personne ne vienne mettre son grain de sel, me demander si tout va bien, encore moins « taster » d’un index inquisiteur la préparation en cours. Ma petite liturgie aïolique ne s’accommode d’aucun acolyte. Unique célébrant du mystère, je suis tout à mon office, entièrement concentré sur la tâche à accomplir.
Longue conservation
Sous l’ancien régime, on assurait que l’ail faisait vivre vieux. Un Marseillais, Annibal Camous, qui mourut à 104 ans, assurait que c’était la consommation quotidienne de l’ail et hebdomadaire de l’aïoli qui l’avait maintenu si vieux et si brillant. Son fils mourut à 80 ans. Le père s’attrista :
Ah ! je l’avais bien dit qu’il ne vivrait pas vieux. Le pauvre petit n’aimait pas l’ail.
J.-N. Escudier, La véritable cuisine provençale et niçoise
Un grand merci, Jacques Bonnadier, pour l’excellente soirée que vous nous avez fait passer en votre compagnie !
ET N'OUBLIEZ PAS DE NOTER SUR VOS AGENDAS: NOTRE PROCHAINE SOIREE DU CLUB DU LIVRE: LE VENDREDI 6 MARS 20H00 .
Corinne Lefort