Pour cette réunion, Jenny Sweeney a choisi de faire un tour d’horizon sur la gastronomie provençale dans les livres anglophones. Elle en a choisi six comme n’étant pas simplement des listes de recettes mais apportant autre chose. Non seulement Jenny est une excellente cuisinière, mais de plus elle pense que les Anglais apprécient la cuisine provençale parce qu’elle est bonne pour la santé, et aussi parce que, comme elle et comme nous tous, ils adorent les marchés provençaux.
Voici ce qu’elle nous en dit
A Taste of Provence, de F. Jouanim, chez Ullman & Konemann, 2005, 384 p. Prix EUR 14,90 €
Ce livre me plaît beaucoup ! Il est petit mais plein d’informations très intéressantes. Par exemple, l’auteur explique en détail comment le sel de Camargue est produit, surtout la fleur de sel. Le livre parle aussi des poissons typiquement méditerranéens, dont il donne la liste. Il parle aussi des abeilles, et du miel butiné dans le massif des Maures. Et, chose encore plus importante, le livre consacre six pages aux vins du Luberon.
Le livre est organisé en huit chapitres qui suivent une route de Montélimar à Menton en passant par la Camargue, Marseille, Sisteron et Antibes. Et chaque chapitre se concentre sur une petite région, par exemple du Mont Ventoux à Aix.
Flavours of Provence, de C. Ferguson, chez Rylans, Peters & Small, 2007, 159 p. Prix EUR 28,90 €
Le livre est organisé sur les ingrédients : les légumes, les herbes, les poissons, les viandes, les fromages, etc.
Chaque chapitre commence par une introduction, et avant chaque recette il y a un paragraphe d’information. Ainsi pour la tapenade, il nous est rappelé que ce nom vient du mot provençal pour « câpre », et depuis toujours la tapenade contient des câpres.
On trouve aussi ici une liste des treize desserts du Grand Souper de Noël, en provençal « Lou Gros Soupa ».
A mon avis, les recettes représentent bien les traditions et sont très typiques de la région Sud-Est. Elles proviennent de Montélimar, de Beaumes-de-Venise, de Sète, d’Arles, de Sisteron, de Nice. Plus proches de nous, elles incluent des recettes de Lourmarin, de Banon, du Mont Ventoux.
Deux livres intéressants d’une Américaine, qui, avec son mari, partage depuis longtemps son temps et son activité entre la Provence et ailleurs. Cf. leur vie et leurs fonctions dans un autre compte-rendu. Nous espérons qu’ils nous feront le plaisir d’honorer notre festival du livre en août.
At Home in Provence, de P. Wells, chez Simon & Schuster, 1999, 35p. Prix EUR 18,17 €
Ce livre est une histoire personnelle de la vie de l’auteur en Provence, avec assez peu de renseignements culturels ou sur la gastronomie, mais il contient une grande liste de recettes
The Provence Cookbook, de P. Wells, chez Harper Collins, 2004, 337 Prix EUR 24,90 €
Là, les chapitres sont organisés selon les plats, les hors d’œuvres, les entrées, les salades, les soupes, les poissons, etc. Ce livre contient plus d’information que le précédent, il garde la même optique personnelle, mais pour un livre de cuisine, on aimerait bien des photos …
Provence Gastronomique, de E. Brown, chez Abbeville Press Publishers, 1995, 144 p. (pas de prix disponible)
Un petit ouvrage très bien écrit et très bien présenté.
L’introduction m’a intéressée parce que l’auteur suggère que ce sont l’isolement de la Provence et la pauvreté de ses habitants dans le passé qui ont donné à sa cuisine ses qualités. Depuis l’époque des Phocéens, la Provence faisait commerce avec les pays méditerranéens plutôt qu’avec la France parce qu’elle était isolée par la barrière des montagnes situées au nord ; et c’est de là qu’elle tire certains de ses plats. Du fait de la pauvreté, tous les plats étaient conçus pour éviter le gaspillage ; l’auteur cite ainsi les légumes farcis et la fougasse, où on n’utilise qu’une petite quantité de viande.
Si bien que la Provence est la seule région de France où la cuisine est basée sur les aromates, les légumes et les fruits, ce qui nous donne un régime très sain ! Il est aussi très savoureux !
Les chapitres décrivent le mode de vie et les plats propres à chaque département. Par exemple, un chapitre sur les Bouches du Rhône traite des oliviers, des pêcheurs en Méditerranée avec la poutargue de Martigues et la bouillabaisse de Marseille, et aussi des calissons d’Aix et du marché de Saint-Rémi.
Markets of Provence, de D. Long, chez Collins Publishers, 1996 , 131 p. Prix EUR 15 €
J’ai gardé celui-ci pour la fin parce que c’est mon préféré.
Les chapitres sont organisés sur « Un jour, un marché dans notre région », lundi à Cadenet, mardi à la Tour d’Aigues, etc.
Le livre est écrit dans un style charmant et léger.
Chaque chapitre commence par une introduction sur le village, les rues, les places, les bâtiments, l’histoire, les personnages célèbres.
Puis viennent les informations gastronomiques ou culturelles, par exemple saviez-vous qu’il y a au moins 17 variétés d’olives locales vendues sur nos marchés ?
On trouve aussi des descriptions des fabriques provençales, et des paragraphes sur les vins du Luberon. Chaque chapitre contient aussi des recettes, et se termine par la liste des autres marchés ouverts ce jour-là.
Ems Magnus a choisi de nous présenter deux histoires de famille, l’une inventée et à rebondissements, l’autre autobiographique
Invitation to Provence, de Elizabeth Adler, St Martin’s Press, New York, 2004, 334 p. Prix EUR 5,30 €
La vie de Franny Marten se désintègre. Elle part rencontrer son amant Marcus, mais c'est sa femme, Clare, qui l'attend. Après un choc initial, les deux femmes découvrent qu’elles ont beaucoup en commun, et deviennent amies. Franny reçoit une invitation d'une vieille tante, propriétaire d'un château en Provence, qu'elle n'a jamais rencontrée, pour une réunion de famille. Franny décide d'y aller et Clare l'accompagne.
Le livre se déroule en décrivant la Provence, le soleil, les habitants, les repas, le vin, les vignes, et Franny fait connaissance de sa famille. Petit à petit elle découvre des histoires et des secrets de longue date. Il y a des relations qui se développent, il y a des morts, il y a des maux de cœur et des joies.
Elizabeth Adler a écrit une vingtaine de livres, plusieurs d'entre eux se situent dans le sud de la France et l'Italie. Née en Angleterre, elle habite en Californie. Elle a vécu dans la plupart des endroits qu'elle décrit dans ses livres.
Ce n’est pas de la grande littérature, mais c’est bien écrit. Parfait pour les vacances
Jigsaw An Unsentimental Education, de Sybille Bedford, Londres,1989, 351 p. Prix EUR 5,30 €
Il s’agit d’une autobiographie, centrée autour la vie de l'auteur, présentée par le personnage "Billi", se déroulant entre les deux guerres. Elle n'a pas eu une éducation classique, ayant des enseignants privés en Italie, en Angleterre, en France. Née en Allemagne, elle habite avec son père, après le divorce de ses parents. A la mort de son père, elle rejoint sa mère et son amant en Italie. Ne sachant pas faire d’elle, sa mère l’envoie en Angleterre chez des amis artistes. La vie est assez difficile. Sa mère est venue vivre dans le sud de la France. Billy y passe ses vacances. Elle apprend la vie, l'amour, l'abandon, le passage à l’âge adulte, les excès et l'explosion intellectuelle et artistique de l’entre deux guerres, où se profile l'avancée du nazisme et du fascisme. La vie de Bedford est décrite par flashes, qui forment le puzzle (Jigsaw) de sa jeune vie jusqu'à l'âge de 21.
Sybille Bedford a 78 ans quand elle écrit ce livre sur sa jeunesse. Elle meurt en Angleterre en 2006. Elle a écrit des romans, une biographie connue sur Aldous Huxley, qui était un ami. En tant que journaliste, elle a couvert des procès, parfois célèbres, pour des publications dans différents pays. Elle était experte en vins, et voyageait en Europe pour faire des dégustations, en y écrivant.
Bien écrit, intéressant, il peut être qualifié de "Bon" dans notre concours.